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L’Écriture Cunéiforme : La Merveilleuse Invention des Sumériens

Lorsqu’on évoque les prouesses des anciennes civilisations, l’invention de l’écriture cunéiforme par les Sumériens se distingue comme l’une des réalisations les plus révolutionnaires de l’histoire. Cette forme complexe d’écriture a ouvert les portes de la communication écrite- Elle a transformé radicalement la manière dont les informations étaient préservées et partagées.

1. Les origines de l’écriture cunéiforme dans la Mésopotamie 

L’écriture cunéiforme sumérienne : un tournant révolutionnaire

Vers 3500 av. J.-C., dans le berceau de la civilisation mésopotamienne, les Sumériens ont introduit une innovation qui allait révolutionner l’histoire humaine : l’écriture cunéiforme. La Mésopotamie, située entre les fleuves Tigre et Euphrate, était un foyer d’activité culturelle, économique et intellectuelle. C’est donc dans ce contexte fertile que l’écriture cunéiforme a émergé.

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La technique de gravure sur argile 

L’écriture cunéiforme a commencé en utilisant un stylet en forme de coin pour graver des marques sur des tablettes d’argile. Les caractères résultants ressemblaient à des encoches ou des coins, d’où le nom « cunéiforme ». Cette technique de gravure sur argile a offert une méthode tangible et durable pour l’enregistrement des informations.

La tablette de Kish, une tablette de calcaire de Kish avec une écriture pictographique, cunéiforme précoce, datant de 3500 av. Peut-être le plus ancien exemple d'écriture connu. Musée Ashmolean. Par José-Manuel Benito - Travail Personnel, Domaine public, https://commons.wikimedia.org

Le besoin de conservation de l’information

Dans les faits, l’écriture cunéiforme était une réponse ingénieuse à la nécessité de conserver et de transmettre l’information de manière plus permanente. À l’origine, les Sumériens l’utilisaient principalement à des fins administratives. Ils enregistraient des transactions commerciales et des données comptables sur des tablettes d’argile. La complexité du système d’écriture résidait dans son utilisation de signes cunéiformes. En effet, on réalisait des marques en forme de coins à l’aide d’un stylet sur des tablettes en argile fraîche.

De la comptabilité à l’expression culturelle 

À ses débuts, on employait l’écriture cunéiforme principalement pour des besoins pratiques tels que l’enregistrement de transactions commerciales et de données comptables. Cependant, sa polyvalence et sa puissance d’expression ont rapidement élargi son champ d’application. Elle est devenue un instrument puissant dans des domaines aussi variés que la littérature, la religion, la science et l’administration.

De multiples applications et évolutions

L’efficacité de l’écriture cunéiforme a rapidement été reconnue, et son utilisation s’est étendue à divers domaines. On l’employait dans la littérature pour enregistrer des mythes, des épopées et des textes religieux. Elle a également trouvé des applications dans la documentation scientifique, les traités juridiques. On l’a même utilisée dans les échanges diplomatiques entre les cités-États mésopotamiennes.

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Acte de vente d'un esclave et d'une maison à Shuruppak, Dynasties archaïques III A, v. 2500 av. J.-C. Musée du Louvre. Par Auteur inconnu — Marie-Lan Nguyen (2009), CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/

2. L’écriture cunéiforme : une découverte et une évolution étudiée

L’écriture cunéiforme a été découverte et étudiée grâce à l’œuvre acharnée des archéologues et des épigraphistes au fil du temps.

La découverte et le déchiffrage

La découverte de l’écriture cunéiforme est attribuée en grande partie à l’archéologue et diplomate britannique Sir Henry Rawlinson au XIXe siècle. Rawlinson, en étudiant l’inscription de Behistun en Perse (moderne Iran), a réussi à déchiffrer les premiers éléments de l’écriture cunéiforme. Pour ce faire, il a comparé les inscriptions perses avec les versions akkadiennes.

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Henry Creswicke Rawlinson (1810-1895). Par Arthur James Melhuish — Bibliothèque nationale de France, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

Le terme d’écriture cunéiforme et ses caractéristiques 

Le terme « cunéiforme » a été donné en raison de l’apparence des caractères résultants, qui ressemblaient à des encoches ou des coins. On créait ces marques en pressant un stylet en forme de coin, le calame, dans de l’argile fraîche, créant ainsi des formes distinctes qui étaient plus tard cuites pour préserver les inscriptions. 

Le calame était généralement fabriqué à partir de roseaux. Les artisans façonnaient habilement l’extrémité du calame pour créer une pointe fine, idéale pour la gravure précise des caractères.

Les premières tablettes découvertes

Les premières tablettes cunéiformes sont originaires du site de Nippur en Mésopotamie. C’est là que l’archéologue américain John Henry Haynes a découvert environ 17 000 tablettes cunéiformes, formant l’essentiel de ce que nous connaissons aujourd’hui de la littérature sumérienne. Ces précieux artefacts étaient comme des fenêtres ouvertes sur la vie, la culture et la pensée des anciens Sumériens. Ces tablettes comprenaient une variété de textes, allant de comptes commerciaux à des œuvres littéraires. Elles offraient ainsi un aperçu diversifié de l’utilisation de l’écriture cunéiforme dans la vie quotidienne et culturelle.

L’origine de l’argile et sa fabrication 

Quant à l’argile utilisée pour créer les tablettes cunéiformes, elle provenait principalement des rivières Tigre et Euphrate. Cette argile, une fois prélevée, était malaxée et préparée avant d’être façonnée en tablettes. Après l’inscription des caractères cunéiformes, on les séchait et cuisait au four pour les rendre durables et résistantes.

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Argile de Mésopotamie. Photo par https://www.https://sciencesinfusent.univ-lille.fr/

3. Décryptage des formes d’écriture cunéiforme : un langage en encoches

Les caractères cunéiformes, résultant de l’utilisation d’un stylet en forme de coin sur des tablettes d’argile, ont créé un langage visuel unique et distinctif. Ces formes, bien que variées, partageaient des traits communs qui définissaient l’esthétique cunéiforme.

Les encoches fondamentales

Les caractères cunéiformes étaient caractérisés par des encoches, des entailles ou des incisions dans l’argile. La forme fondamentale était celle d’un coin enfoncé dans la surface de l’argile molle, créant ainsi des marques triangulaires, d’où le terme « cunéiforme, » dérivé du latin « cuneus » signifiant coin.

La variété de formes 

Bien que la forme de base soit triangulaire, la variété des caractères cunéiformes était vaste. Certains étaient simples, constitués d’une seule encoche, tandis que d’autres étaient plus complexes, combinant plusieurs encoches pour former des motifs distincts. Cette variété a permis une grande flexibilité dans l’expression écrite.

Les combinaisons et symboles

Les scribes cunéiformes ont développé des combinaisons spécifiques d’encoche pour représenter des mots, des noms, ou des concepts. Certains caractères représentaient des objets du quotidien, tandis que d’autres avaient des significations plus abstraites liées à la religion, à la science, ou à la politique.

L’évolution dans le temps

Au fil du temps, l’écriture cunéiforme a évolué, donnant naissance à différentes variantes régionales et périodes historiques. Des changements dans la forme des caractères sont observés, reflétant l’adaptation et l’influence de diverses cultures mésopotamiennes sur le système d’écriture.

L’esthétique et la composition

L’esthétique cunéiforme reposait sur l’agencement des encoches, créant une composition artistique sur la tablette d’argile. Les scribes étaient souvent des artistes en herbe, apportant une touche personnelle à leur écriture.

Ainsi, l’écriture cunéiforme, avec ses formes triangulaires distinctes, a transcendé son utilité fonctionnelle pour devenir une véritable forme d’art. Chaque encoche, soigneusement gravée dans l’argile, représentait un élément de la riche mosaïque de la communication écrite dans l’ancienne Mésopotamie.

Tableau illustrant la simplification progressive des signes cunéiformes de l'écriture archaïque (verticale) à l'assyrien. Par Mason, William Albert, 1855-1923 - Ce fichier a été extrait d'un autre fichier, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/

4. Une Transformation Radicale de la Communication 

L’écriture cunéiforme a marqué une transformation radicale dans la manière dont les informations étaient préservées et partagées. Elle a ouvert la voie à une nouvelle ère de communication écrite, permettant aux sociétés anciennes de transmettre leur savoir, leurs croyances et leur culture d’une génération à l’autre.

Le rôle culturel et éducatif de l’écriture

Au-delà de sa fonction pratique, l’écriture cunéiforme a joué un rôle crucial dans le développement culturel et éducatif de la société sumérienne. La maîtrise de cet art était réservée à une élite éduquée, souvent des scribes, qui étaient responsables de la préservation et de la transmission du savoir.

L’héritage durable

Bien que l’écriture cunéiforme ait évolué au fil du temps et que d’autres cultures mésopotamiennes l’aient adoptée, elle a laissé un héritage durable. Elle a jeté les bases pour les systèmes d’écriture ultérieurs dans la région, influençant même des civilisations éloignées. Ainsi, l’émergence de l’écriture cunéiforme a marqué un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité, ouvrant la voie à une nouvelle ère de communication écrite.

En conclusion, l’invention de l’écriture cunéiforme par les Sumériens représente bien plus qu’une simple innovation technique ; c’est le début d’une révolution qui a profondément influencé la trajectoire de l’humanité.

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